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Éducation populaire sur les enjeux du milieu communautaire
Selon le Réseau québécois de l’action communautaire autonome, « les caractéristiques de l’action communautaire autonome ont été définies pour la première fois lors de la première rencontre nationale du mouvement d’action communautaire autonome le 15 novembre 1996, dans le cadre de l’adoption des principes d’une politique gouvernementale de reconnaissance et de financement de l’action communautaire autonome ».
Le milieu communautaire a donc travaillé en collaboration avec le Secrétariat à l’action communautaire autonome à l’élaboration de la Politique gouvernementale de reconnaissance de l’action communautaire autonome adoptée en 2001. Cette dernière vient baliser les spécificités des organismes communautaires, notamment en lien avec les modes de financement. Cette dernière présente huit critères :
Les organismes communautaires au sens large
- Être un organisme à but non lucratif
L’organisme est constitué en corporation en vertu de la Loi sur les compagnies, Partie III. - Être enraciné dans la communauté
L’organisme invite les membres de la collectivité à s’associer à son développement, organise des groupes de travail composés de personnes intéressées par la mission de l’organisme, participe à des comités et à des tables de concertation, etc. - Entretenir une vie associative et démocratique
L’organisme favorise la participation des membres de la collectivité à sa vie associative. Le conseil d’administration est élu démocratiquement et les membres de l’organisme sont tous issus de la communauté. - Être libre de déterminer sa mission, ses approches, ses pratiques et ses orientations
Les politiques, les approches et les pratiques de l’organisme résultent de la volonté des membres et sont indépendantes des politiques de l’État et des programmes du réseau public. Les décisions sont prises de façon démocratique avec les membres de l’organisme.
Les organismes communautaires autonomes
- Avoir été constitué à l’initiative des gens de la communauté
L’organisme est issu des membres de la collectivité dans l’objectif de répondre à un besoin ciblé par ces derniers. La mission et les mandats ne relèvent pas d’une loi, d’un règlement ou d’un objectif d’une instance gouvernementale quelconque. - Poursuivre une mission sociale propre à l’organisme et qui favorise la transformation sociale
L’organisme ne se limite pas à livrer des services, mais se concentre également sur des pratiques d’entraide, de prévention et d’éducation populaire. Il intervient sur les causes des problématiques sociales et met de l’avant des activités qui favorisent la capacité individuelle et collective à se prendre en charge. - Faire preuve de pratiques citoyennes et d’approches axées sur la globalité des problématiques abordées
L’organisme comporte une dimension collective, qui vise à mobiliser les personnes autour d’enjeux collectifs. Il met en pratique une approche globale d’intervention qui tient compte du contexte économique, politique, social, culturel et environnemental pour répondre aux besoins exprimés par les membres. - Être dirigé par un conseil d’administration indépendant du réseau public
La composition du conseil d’administration ne doit pas contenir de poste réservé pour des institutions gouvernementales ou des bailleurs de fonds. Les personnes élues sont des membres de la communauté et siègent au C.A. à titre individuel, de façon bénévole et sont indépendants.
Pour obtenir de plus amples renseignements, vous pouvez consulter l’outil d’évaluation de l’action communautaire autonome conçu par la Table des regroupements du Saguenay-Lac-St-Jean, disponible ci-dessous.
Comment sont financés les organismes communautaires?
Le Gouvernement du Québec, en vertu de la Politique de reconnaissance de l’action communautaire, s’est engagé à soutenir les organismes communautaires en accordant un financement à leur mission. Grâce à leurs processus démocratiques et à leur enracinement dans la communauté, entre autres, les organismes sont à même de définir eux-mêmes les priorités d’intervention et les moyens à mettre de l’avant pour atteindre leur mission en fonction des besoins et du contexte de leur communauté. Ce financement est récurrent et exige généralement une reddition de comptes raisonnable en termes de lourdeur administrative.
La majorité des organismes communautaires obtiennent un financement pour l’accomplissement de leur mission; cependant, celui-ci étant la majeure partie du temps insuffisant, d’autres sources de financement viennent s’ajouter à leur budget. La source du financement des organismes communautaires varie donc d’un organisme à l’autre. Outre celui pour l’accomplissement de la mission, les types de financement que nous retrouvons le plus souvent sont les suivants :
- L’autofinancement : cotisation des membres, activités de collectes de fonds, autres sources de revenus, etc.
- Le financement privé : financement provenant de bailleurs de fonds privés pour des projets ponctuels ou des activités régulières (p. ex., fondations, communautés religieuses, entreprises)
- Les autres financements publics : financement provenant des gouvernements dans le cadre de projets ou en vertu d’ententes de services.
Les financements qui ne sont pas remis pour l’accomplissement de la mission des organismes le sont soit :
- Par projet : financement octroyé pour un projet bien précis ;
- Par entente de service : financement qui résulte d’une entente contractuelle entre un ministère et un organisme pour un service demandé en lien avec des priorités ministérielles.
Quels sont les enjeux reliés à ces méthodes de financement?
- Manque de récurrence : L’ensemble des financements pour projets ponctuels et plusieurs des ententes de services ne sont pas récurrents. Les ententes sont conclues pour une courte période définie. Ce manque de récurrence occasionne de l’incertitude d’année en année au sein des organismes. Ces derniers ne sont pas en mesure de planifier à plus long terme leurs actions, mais doivent davantage gérer à la pièce, ceci étant contraire à une vision structurante. Il est aussi plus difficile d’assurer une stabilité dans les équipes de travail et de maintenir les expertises au sein des organismes puisque les emplois sont contractuels.
- Lourdeur administrative et frais de gestion : Chaque nouvelle source de financement nécessite une reddition de comptes supplémentaire, alourdissant ainsi la charge administrative et la gestion comptable. Chaque bailleur de fonds détient ses propres exigences, formulaires et façons de faire. De plus, la recherche constante de financement représente énormément d’argent, d’énergie et de temps pour les organismes.
- Autonomie dans le respect de la mission : Dans le cadre de leur financement pour l’accomplissement de la mission, les organismes orientent leurs actions afin de répondre aux besoins de la population en considérant les différentes réalités. Dans le cadre des ententes spécifiques, les orientations sont définies par le bailleur de fonds. De plus, l’organisme n’est pas en mesure d’adapter ses interventions selon les enjeux prioritaires en considérant les différents éléments contextuels.
- Absence ou insuffisance d’indexation : Le coût de la vie augmente au fil des années et les dépenses des organismes communautaires subissent aussi cette inflation. L’absence d’indexation, ou l’insuffisance de celle-ci, appauvrit les groupes un peu plus chaque année puisqu’ils ne peuvent pas assumer la hausse de leurs dépenses de fonctionnement.
- Insuffisance de financement : Tout compte fait, tous ces enjeux sont évidemment liés à l’insuffisance du financement accordé aux organismes communautaires afin d’accomplir leur mission. On constate trop souvent que des bailleurs de fonds considèrent les organismes communautaires comme étant du « cheap labor ».
Les organismes font des pieds et des mains afin de répondre aux besoins de la communauté et d’atteindre leurs objectifs. On observe malheureusement de plus en plus d’épuisement au sein des équipes de travail et des bénévoles. De plus, les organismes éprouvent de grandes difficultés à offrir des conditions de travail adéquates et équitables pour reconnaître les compétences et expertises des gens qui y travaillent et évidemment, pour contrer la pauvreté au sein même de leurs organismes.